Eric Zemmour\ Albert Jacquard, unis dans la différence

Publié le par paul logos

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J'aimerais comparer et confronter deux penseurs français aux idées bien souvent antagonistes, que j'ai rencontrés et pour qui je tiens un certain respect. Ces deux penseurs sont Albert Jacquard et Éric Zemmour.

Quelle idée saugrenue, me direz vous, que d'évoquer dans un même article ces deux personnalités qui n'ont pour ainsi dire rien en commun, si ce n'est peut-être une certaine notoriété en raison de leur nombreuses prises de position à la radio, à la télé, et de leur présence sur internet. Soit, mais ils partagent déjà un commun dénominateur : la célébrité

Ceci mérite donc arrêt sur image, si je puis dire. Aussi bref soit-il, cet arrêt nous permettra de découvrir leur parcours et ainsi de constater ce qui les oppose, et les unie ?

 Rappelons donc brièvement la vie intellectuelle d'Albert Jacquard et d'Eric Zemmour.

 

Albert Jacquart, aujourd'hui âgé de 84 ans et issu d'un milieu catholique et conservateur (du Jura), après des études brillantes (école Polytechnique, université de Standford entre autres) s'intéresse à la génétique, science nouvelle à l'époque, et mène des travaux pointus dans le domaine. Cependant, il n'est pas connu du grand public pour ses travaux en tant que généticien, mais pour les livres de vulgarisation scientifique qu'il a écrits ainsi que pour ses essais philosophiques (toujours très accessibles et parfois un peu redondant) traitant essentiellement de l'avenir de l'humanité et de la finitude de la planète. Enfin, sa notoriété est également due à ses prises de position plus récentes en faveur des sans papiers, contre le racisme, et pour l'éloge de la différence. Voilà donc une personne très respectable, profondément humaniste, dont les écrits sont accessibles par le plus grand nombre, et qui prône des idées d'universalisme et de respect. A noter qu' Albert Jacquart est proche du mouvement altermondialiste, on en reparlera.

 

Eric Zemmour, la cinquantaine et issu d'un milieu modeste (Seine-Saint-Denis), diplômé de l'IEP de Paris, après avoir échoué par deux fois au concours d'entrée de l'ENA ( à l'oral), se lance dans le journalisme et devient reporter au Figaro. De fait, Zemmour est de droite et ne sans cache pas, de tradition gaulliste voire (surtout) bonapartiste, selon ses propres mots. Il y roule sa bosse mais ne devient véritablement connu auprès du grand public que lorsqu'il se fait remarquer à la télé. De fait, contrairement à ce qu'il affirme souvent, Zemmour est un homme de l'image, de l'écran, point de l'écrit. Ces essais, peu nombreux, n'ont en soi rien d'original...

Très vite, il accepte de devenir critique dans l'émission du Samedi soir de Laurent Ruquier, On n'est pas couché. Il ne renie pourtant pas ses idées politiquement incorrectes à l'antenne, il les défend becs et ongles contre « l'idéologie dominante » (certains diront que c'est son fond de commerce). Quelles sont-elles ?


Pour résumer : défense du système traditionnel francais assimilationiste contre multiculturalisme et communautarisme importés tout droit d'outre-Atlantique, critique du droit d'ingérence, refus d'une politique ouverte de l'immigration, anti-européisme car Bruxelles selon lui est "à la botte de l'empire américain" et la France a renié sa domination européenne depuis la mort de Napoléon, critique de l'antiracisme, critique (très marxiste) du libéralisme et des mœurs de la société hédoniste qui en découlent et qui favorisent l'abrasion de la morale, enfin constat de la « féminisation » des hommes. Voilà donc des idées à des années lumières du discours convenu et dominant chez les médias, on en conviendra. Et pourtant, Zemmour est aujourd'hui, il faut le savoir, le journaliste politique le plus désiré dans les émissions, débats, programmes télévisuels (et certainement l'un des plus payés). Car Zemmour, contre toute attente, est populaire, très populaire, trop populaire pour certains sans doute, si bien que l'on peut parler d'un « phénomène Zemmour » comme l'atteste les nombre de pages vues sur internet rien qu'à son nom.

Il y a anguille sous roche. Aussi je tacherai modestement d'analyser, dans les futurs articles de ce blog, les contradictions inhérentes à ces deux hommes tant dans les répercussions (récupérations) de leur pensée que dans le rapport qu'ils entretiennent avec les médias.

Parce qu'ils ou du moins, et c'est cela qui importe, leurs idées, ont tout à gagner ou tout à perdre. Et de constater  finalement que, malgré les grandes divergences d'opinions, les destins de ces deux hommes et de leurs idées seront un baromètre efficace de l'état de délabrement de l'esprit critique de ce pays. 

Publié dans réflexions libres

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A
<br /> Je trouve ce commentaire brillant !! Mais la suite ???...<br /> <br /> <br />
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